Revisiter la gestion du risque : mettre de la vie dans les systèmes
Dans nos sociétés modernes, la gestion du risque est une priorité. Elle tourne même à l'obsession, gouvernant le quotidien de nos vies. L'idéal implicite est de diminuer au maximum le risque pour assurer la possibilité de poursuivre et de mener à bien ses projets en évitant les effractions et les perturbations qu'il représente. Difficile de tolérer le risque tant l'organisation et le fonctionnement social sont centrés sur l'anticipation et la prévention pour éviter les mises en cause en termes de responsabilité et les logiques de réparation et d'indemnisation qui vont avec. Qui pourrait raisonnablement tolérer que les choix et les décisions qui le concernent ne soient pas l'objet d'une analyse fine des effets d'impact positif et négatif avec les conséquences que l'on imagine sur sa vie et ses conditions ? Décider nécessite une attention au risque et aussi une politique du risque. Rien de plus normal. L'humain a sans doute constitutivement une aversion au risque, car il peut être le début d'une mise en danger réel de la vie. L'idéal implicite du risque zéro est bien connu, même si nous savons tous qu'il n'existe pas [1]. Il ne repose pas seulement sur un pragmatisme opérationnel pour assurer la durabilité d'une société, mais aussi sur une culture moderne de la maîtrise et du contrôle, qui calcule, projette et conduit à imaginer que « quand tout se passe normalement, tout se passe comme prévu ». RE
Niveau d'autorisation : Public
Numéro de revue : Vol.21 N°1