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Introduction

Afin d'actualiser les connaissances sur l'incidence et la mortalité par cancer en France, les pouvoirs publics conjointement avec le réseau Francim et le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) ont mené un travail de synthèse et d'analyse des données afin de produire un rapport sur la situation du cancer en 1995 et sur l'évolution parallèle de l'incidence et de la mortalité entre 1975 et 1995.

Méthodes

Le principe de l'estimation nationale des taux d'incidence est d’utiliser l'incidence observée dans les zones géographiques couvertes par un registre et de l’extrapoler à l'ensemble du territoire à partir des données de mortalité et des données démographiques. Cette méthode suppose une survie identique dans toutes les régions (stades de gravité, pratiques diagnostiques et thérapeutiques comparables). Les données d'incidence proviennent de onze registres couvrant neuf départements (Bas-Rhin, Calvados, Côte d'Or, Doubs, Haut-Rhin, Hérault, Isère, Somme, Tarn). Les données nationales de mortalité ont été transmises par le SC8 de l'INSERM.

Résultats

Les cancers sont responsables en France en 1995 de 142 635 décès dont 61% chez l'homme. Première cause de mortalité chez l’homme et seconde chez la femme, ils expliquent 26% de la mortalité prématurée avant 65 ans chez l’homme et 29% chez la femme. La pathologie tumorale a été estimée pour la même année à 239 800 nouveaux cas dont 56% chez l'homme. L'incidence chez les moins de 65 ans représente 38% de l'incidence totale chez l'homme et 53% chez la femme. La fréquence des cancers varie en fonction de l'âge : avant 25 ans, il s'agit des leucémies et des tumeurs du système nerveux central ; entre 25 et 44 ans, des mélanomes de la peau, des cancers du sein et du poumon chez l'homme ; entre 45 et 64 ans, des cancers du poumon et du sein et des cancers colo-rectaux ; à partir de 64 ans, des cancers du sein, de la prostate et des cancers colo-rectaux.

Les taux d'incidence ajustés sur l'âge ont augmenté entre 1975 et 1995, de 21% chez l'homme et de 17% chez la femme, augmentations dues principalement au cancer de la prostate chez l'homme et aux cancers du sein, du poumon et des VADS chez la femme. Les taux de mortalité ont augmenté de façon moindre que l'incidence chez l'homme (+4%), augmentations dues au cancer du poumon. Ces taux ont diminué de 8% chez la femme. La mortalité prématurée avant 65 ans a diminué pendant cette période chez l'homme et chez la femme.

Conclusion

L'incidence et la mortalité de trois cancers accessibles à la prévention sont en augmentation (poumon et VADS chez la femme, mélanomes de la peau pour les deux sexes) et doivent faire l'objet d'une attention particulière des pouvoirs publics. Certaines tendances restent inexpliquées (cas de l'augmentation de l'incidence et de la mortalité par cancer du rein) et reflètent probablement des changements dans les expositions aux carcinogènes qui devront être identifiés et étudiés.