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Cet article retrace certaines des dynamiques du groupe professionnel infirmier depuis son émergence à la fin du XIXè me siècle en France. Notre propos suit le fil conducteur des évolutions des dispositifs de formation mis en place pour les infirmières, puis pour leurs cheffes. Les éléments rassemblés ici œuvrent pour la constitution d’une socio-histoire du monde infirmier et de la complexité de ses dynamiques. Elles se manifestent dans un premier temps à travers les luttes entre les promoteur-e-s de définitions divergentes, voire antagonistes, de l’"infirmière moderne", chacun-e proposant des modèles de fabrication (formation et socialisation de ces soignantes) plus ou moins contrastés. L’entrée en scène progressive du segment des cheffes d’infirmières contribue à l’avènement d’une des premières formes d’autonomisation et d’affirmation du groupe professionnel qui au fil du temps va stratégiquement adhérer, en les combinant, à différentes idéologies (des principes humanistes des soins infirmiers aux orientations managériales gestionnaires, en passant par une conception biomédicalisée du travail infirmier). Les analyses présentées ici s’appuient sur un travail de thèse soutenue en 2018 et sur de nombreuses enquêtes menées depuis des années tant dans les instituts de formation des infirmières que sur leurs lieux de travail à l’hôpital.