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Article

H 0 Le rôle éthique de l'ajustement émotionnel dans la relation de soin - l'exemple de la compassion

BLANC P.

Ethique & Santé

09/2022

111-118

Soins relationnels ; Relation soignant-soigné ; Compassion ; Gestion des émotions ; Adaptation ; Ethique ; Communication

Les approches phénoménologiques (S.K. Toombs) et narratives (Rita Charon) en médecine ont montré l'importance éthique d'une communication ajustée entre soignants et soignés, tant au niveau du choix des traitements que des modalités éthiquement et médicalement appropriées de l'accompagnement. Nous voudrions mettre l'accent sur la dimension émotionnelle de cet ajustement, en montrant en quoi le partage émotionnel constitue le facteur déterminant du processus de délibération entre soignant et soigné. Nous prendrons ici l'exemple du sentiment de compassion, dans sa double dimension de disposition psychologique et de vertu morale, indiscutablement présent au cœur de toute relation de soin comme sensibilité à la souffrance humaine et à sa prise en condidération. Nous nous interrogerons d'abord sur la fiabilité éthique que l'on peut accorder à la compassion, sur les risques que pourraient engendrer, sur ce point, son caractère asymétrique et sa partialité, et sur ce qui peut la rendre inappropriée, voire inopérante. L'analyse de ces difficultés nous conduira à rechercher ce qui pourrait permettre de garantir à la compassion une réelle valeur sur le plan moral. Nous montrerons qu'assurer cette fiabilité implique plusieurs conditions fondées, d'une part, sur la compréhension de la nature cognitive-évaluative des émotions et, d'autre part, sur la reconnaissance de la complexité du vécu émotionnel. Ainsi, la fiabilité de la compassion pourra-t-elle être établie sur les dispositions réflexives qui lui sont inhérentes, comme à toute autre émotion et, par là , sur notre responsabilité concernant son usage, en particulier en gardant le souci d'en entretenir la puissance de discernement, entre autres, par le recours au récit et à la fiction, dont nous donnerons ici juste deux exemples dignes d'intérêt. Ceux-ci nous montreront combien il est éthiquement important de se rendre sensible aux capacités propres de la personne aidée afin de préserver la compassion de toute dérive vers l'apitoiement ou vers le maintien d'une relation unilatérale de dépendance, par là potentiellement susceptible d'entretenir un sentiment d'humiliation. RE

Niveau d'autorisation : Public

Volume : 19

Numéro de revue : Vol.19 - n°3

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