La pandémie liée au COVID a abasourdi le monde. La vitalité du virus et son adaptation nous paraissent étranges. Comment se fait-il qu’un si petit élément monocellulaire mette à mal toute une humanité, dans ses aspects biologiques mais aussi économiques, juridiques, anthropologiques, philosophiques ? Les articles reçus ces derniers mois sont bien souvent des réflexions autour des difficultés à vivre ces situations, ici très éthiques puisque chaque réponse sera donnée en mettant en valeur des axes précis au détriment d’autres valeurs

Le président de la république française avait parlé de guerre en mars dernier. Boulliat et al. nous permettent de mieux saisir comment en état de risques majeurs, une organisation préparée à ces enjeux de guerre est aussi en capacité d’accompagner ces situations extrêmes. Sommes-nous cependant réellement en guerre aujourd’hui ? La notion de Tri en médecine de guerre est déjà complexe à appréhender. Combien est-elle encore plus complexe, en cette période particulière, surtout si la notion même de tri ne parait pas appropriée comme nous l’évoquent Cremer et Valette.

Hazif Thomas et al. soulignent que les personnes en EHPAD, c’est-à-dire des personnes résidentes dans leur « chez soi », ont subi des traumatismes psychologiques majeurs durant le confinement. Comment ne pas les voir, ni entendre leurs drames puis poser des questions sur les raisons qui ont permis d’en arriver là, même si les réponses des professionnels (administratifs et soignants) paraissaient cohérentes puisque centrées sur la préservation de leur santé . En fait, de quelle santé parlent ces professionnels ? De ses aspects biologiques uniquement, au détriment de tous les autres aspects (biopsychospirituel et relationnels) de la vie ? Il faut assurément prendre désormais du recul pour ne plus retomber dans ces excès. Je renvoie aussi au texte de Gzil remis il y a quelques jours à Mme Bourguignon (Ministre déléguée en charge de l’autonomie auprès du Ministre des solidarités et de la santé). Ce document réalisé à partir des remontées des ERER (espace éthique régionaux) et des interviews auprès de très nombreuses personnes pointe les questions éthiques majeures liées à ces réclusions des personnes âgées durant depuis plusieurs mois.

La question du soin, de l’attention à l’autre vulnérable, est au cœur aussi du thème sur la survie. Maaloouf propose à partir de Ricoeur de ne pas fonder la vie et donc la survie, sur ce qui est mêmeté mais sur l’homme comme ipséité. Face à la pandémie, à ces incertitudes, à cette mort possible, à ces temps particuliers de confinement, oser penser l’ipséité c’est se penser « comme fidélité à une promesse. L’identité n’est plus alors la victime passive d’une emprise de cet autre viral et de son imposition » RE

Niveau d'autorisation : Public

Numéro de revue : Vol.18 n°1