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Avant-propos
"C'est plus difficile de gérer les émotions, de les comprendre que de mettre fin à sa vie." L'adolescence est une période de grande vulnérabilité à tous les niveaux. Les transformations du corps, médiées par un bouleversement hormonal, s'accompagnent de modifications complexes du cerveau et du psychisme. La maturation des centres de l'émotion (système limbique) et du raisonnement (système préfrontal) est rarement coordonnée, ce qui se traduit par une instabilité émotionnelle.[extrait]

Les conduites suicidaires à l’adolescence sont un enjeu majeur de santé publique. Elles font suite à une constellation de difficultés individuelles, relationnelles et environnementales, qui fragilisent le sujet dans une période de grande vulnérabilité. Le soin passe par le lien thérapeutique et l’adaptation de l’environnement de l’adolescent. La prévention est l’affaire de tous, et particulièrement des soignants, qui sont régulièrement sollicités avant un passage à l’acte.(RE)

Les conduites automutilatoires et suicidaires sont des enjeux importants de soins à l’adolescence. Elles sont fréquemment associées, ce qui pose la question des liens qui les unissent et des différentes manières de les comprendre. Suicide et automutilations partagent les mêmes facteurs de risque. Certains modèles intégratifs envisagent ainsi les automutilations comme des passerelles permettant d’acquérir une aptitude au suicide. Le passage par le corps et l’acte court-circuite la pensée, et l’intention de mourir associée au geste auto-agressif est difficile à concevoir.(RE)

La migration est une expérience porteuse d’un potentiel de richesse et de créativité pour l’individu, mais qui peut aussi considérablement le fragiliser. Les adolescents migrants et enfants d’émigrés sont particulièrement vulnérables à la souffrance psychique et au suicide. De nombreuses études internationales témoignent d’une prévalence conséquente de passages à l’acte suicidaire chez les migrants et leurs enfants. L’environnement familial dissocié et les conflits intergénérationnels sont autant de facteurs de risque de conduite suicidaire chez ces adolescents. Réétablir des liens en valorisant la culture d’origine, par exemple, contribue au sentiment de continuité culturelle qui est un facteur protecteur du risque suicidaire.(RE)

Le syndrome de refus global est une entité clinique rare atteignant l’enfant et l’adolescent. Il est caractérisé par un repli et une opposition qui altèrent massivement le fonctionnement des patients et leur prise en charge. La vingtaine de cas rapportés dans la littérature permet d’en préciser les principaux éléments diagnostiques et thérapeutiques. La reconnaissance précoce du syndrome de refus global est essentielle pour traiter le plus efficacement possible ces jeunes patients. (RE)

Le tableau clinique du syndrome de refus global est marqué par un refus de s’alimenter, de marcher, de parler, une résistance active et un refus agressif de l’aide et du soin. La prise en charge est éprouvante physiquement et émotionnellement pour les soignants. La qualité de la relation peut rapidement s’altérer tant elle est inhabituelle et extraordinaire. La formation, la communication et le soutien de l’équipe sont primordiaux pour conserver bienveillance et bientraitance dans le soin.

Introduction : la pandémie de covid-19 justifie des gestes barrières et le port de matériel de protection, qui viennent contrarier les gestes réflexes d’autotouchers faciaux spontanés. Nous proposons d’explorer l’expérience psychocorporelle générée par la modification de cette gestuelle dans ce contexte sanitaire.
Méthode : étude qualitative menée auprès de neuf infirmiers(ères) portés(ées) volontaires en renfort. Entretiens semi-structurés analysés selon l’analyse interprétative phénoménologique.
Résultats : la perception du risque d’auto-inoculation n’est pas en lien avec le niveau d’exposition au virus. Le vécu des autotouchers est influencé par le niveau d’attention portée par le sujet à l’égard de son visage et par les antécédents médicaux en lien avec celui-ci. Trois sortes d’adaptations psychocorporelles sont mobilisées pour contrôler les autotouchers : le contrôle par l’évitement, le contrôle par occupation des mains et les stratégies corporelles compensatoires. Les représentations du soi corporel sont modifiées.
Conclusion : les résultats mettent en évidence la charge cognitive et affective que génèrent les autotouchers contraints et le port du masque de protection, et soulignent l’importance de s’interroger sur les implications de ces modifications sensori-motrices. Il apparaît nécessaire d’accompagner les professionnels de santé dans l’évaluation des répercussions psychocorporelles en situations pandémiques.

(RE)

L’éducation thérapeutique (ETP) vise à aider le patient à acquérir les compétences nécessaires à la gestion d’une maladie chronique. Un programme pluridisciplinaire d’ETP pour adolescents souffrant d’anorexie mentale a été développé dans le cadre d’un hôpital de jour. Cette étude qualitative, explorant l’expérience des soignants impliqués dans ce programme, rapporte les bénéfices mais plus encore les difficultés liées aux spécificités cliniques de l’anorexie mentale, ainsi que les nombreuses exigences, contraintes et les nécessaires ajustements liés à cette pratique innovante. (RE)

Les pathologies de l'agir de l'adolescence illustrent le débordement si caractéristique de la "modernité" d'un monde en perpétuelle évolution. A travers des symptomatologies corporelles compulsives toutes aussi bruyantes qu'énigmatiques (automutilations, tentatives de suicide, addictions, fast sex, troubles des conduites alimentaires), les adolescents sont toujours en quête d'espaces transitionnels contenants, indispensables pour symboliser et apaiser les conflits intrapsychiques déstructurants. Les médiations thérapeutiques, adaptées aux différentes singularités, offrent un espace à travers lequel les processus d'intégration et de subjectivation sont possibles.

La pratique du psychologue clinicien en pédopsychiatrie peut se révéler être une tâche périlleuse. Son équilibre, aussi précaire soit-il, se situe dans l'écoute et l'observation du patient mais également dans l'utilisation de précieux outils dont les médiations thérapeutiques font partie. Elles permettent d'expérimenter un ancrage sensorimoteur et apportent une vision multidimensionnelle nécessaire à la compréhension du sujet et de sa souffrance. Par la création d'un espace intermédiaire entre le Je et le Tu, le dehors et le dedans, elles déterminent une place où peut venir se loger, entre autres, le travail psychothérapeutique.