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L'évolution des troubles mentaux, notamment des plus sévères, comme la schizophrénie, est une préoccupation constante liée à la nécessité évaluation des soins et de leur efficience, et au coût humain et économique de leur "chronicité". Nombre de patients connaissent une évolution positive, appréciée en termes de qualité de vie subjective. Pour autant, le concept de guérison n'apparaît pas approprié. Le champ des représentations que le patient et le soignant se forment de la maladie et de sa curabilité est un élément important. La co-construction du futur du patient, dans une démarche centrée sur la personne en souffrance, sur sa liberté et son autonomie, ouvre la voie du rétablissement.

Le vocable de guérison est-il adapté au champ de la psychiatrie ? Encore faut-il s'entendre sur ce en quoi consiste cet état. Ce qui apparaît de prime abord, c'est que la guérison ne peut être abordée isolément. S'interroger sur la guérison nous engage en effet à questionner des notions telles que celles de maladie et de norme, sans omettre ce qu'il en est de la finalité des soins. La guérison peut dès lors s'envisager plutôt comme un "possible" pour les soignants. (RE)

Sommaire :
- Etre deux pour guérir
- Peut-on guérir de la schizophrénie
- Aller mieux avec des troubles psychiques
- Schizophrénie : guérir, se remettre, se rétablir ?
- Guérison et dynamique du rétablissement
- Une vie satisfaisante avec la psychose
- "Vous n'aurez pas une vie au rabais"
- La guérison apprivoisée : éclairage psychanalytique
- Guérir de l'incontrôlable
- Dépression et rétablissement
- Histoire d la guérison en psychiatrie
- La maladie et l'identité
- Pour en savoir plus

Résumé :
L'idée de guérison habite le malade autant que le soignant. Pourtant ce terme ne fait pas partie du vocabulaire des psychiatres contemporains et plus largement des professionnels de la santé mentale. Ils conçoivent davantage la guérison comme un parcours de rétablissement, un chemin pour "aller"mieux". Ce qui compte alors est la posture d'écoute des soignants et ce qu'elle permet au patient de dégager comme position subjective.

Aujourd’hui, il est possible de traiter le burnout, ou syndrome d’épuisement professionnel dû au stress chronique, de façon efficace et sans séquelle. Des points clés devront être respectés dans la prise en charge : un accompagnement médical qui se distingue du traitement de la dépression, une participation active du patient au processus de soins lors de l’arrêt de travail, une remise en question personnelle, un retour au travail au moment juste et bien préparé. (RE)

Dans le cadre d'une étude qualitative auprès de personnes anorexiques adultes, l'auteure a abordé avec elles cette question primordiale : co se négocie le rapport aux soins ? A vrai dire, la guérison, elles l'envisagent comme un horizon "presque souhaité", tant l'anorex les tyrannise, mais bien trop souvent impossible à rejoindre, du fait d'un attachement profond à leurs symptômes, mais aussi d'un enracinement solide dans le système anorexique. Elles ont ainsi raconté ce que signifie pour elles sortir de l'anorexie, de même que la nature des obstacles qui jalonnent ce chemin du renoncement à la maladie et auxquels elles se sont confrontées : ceux qui sont restés infranchissables, mais aussi ceux qu'elles ont pu traverser. Elles nous expliquent ainsi les quelques voies thérapeutiques qu'elles ont pu emprunter. (RE)

La prise en charge des patients séropositifs est devenue, depuis l'apparition de trithérapies, celle d'une maladie chronique. Les patients vivant avec le virus d'immunodéficience humaine (VIH) apprennent à gérer le traitement et le suivi. Les soignants accompagnent les patients durant, parfois, de longues années. Mais peut-on en finir avec ce type d'approche ? N'existe-t-il aucun espoir de guérison ? Les années 1990 ont été marquées par les trithérapies. Alors qu'auparavant, le VIH tuait inexorablement les patients, on parvenait à réduire la charge virale à des taux parfois indétectables. L'espoir de guérison était alors permis ; du moins au début. Hélas, si le taux de réplication des virus diminuait drastiquement, il ne s'agissait que d'un blocage et non d'une éradication du virus. Petit à petit l'idée d'une maladie chronique s'était implantée jusqu'en 2007, date de guérison d'un patient. En effet, à Berlin, M. Brown, séropositif depuis 1995, a guéri du VIH. Comment ?

La notion de rétablissement est fréquemment évoquée en santé ; toutefois, elle porte avec elle des ambigüités : envisage-t-on le retour à un état qui a précédé la maladie ou une manière de composer une nouvelle façon de vivre à partir de la maladie ? Afin de penser avec plus de précision le rétablissement, cet article propose de s'intéresser philosophiquement à la notion de norme, et de développer son importance à travers l'approche du temps, du corps et du monde. Cette analyse permettra à la fois de préciser les aspects existentiels concernés par le rétablissement en santé et de décrire les enjeux de la relation de soin à l'aune de ces dimensions du vécu subjectif.