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On ne peut définir précisément des règles universelles de pudeur, et de fait nous sommes souvent dans l’embarras avec autrui. Cette difficulté pratique est encore plus grande en cas de relation asymétrique. Le présent article analyse quelques principes généraux concernant le colloque entre patient et soignant, puis examine la situation particulière de patients plus fragiles. Ici, donc, l’attention et la vertu d’humanité, mais aussi l’idée d’une dignité effective et non pas abstraite constituent certainement des enjeux réels. RE

Intimité et sexualité sont fréquemment associées. L’intimité correspond à ce qui est intérieur, ce qui est profond et secret. Le plus souvent, il s’agit de ce qui reste caché sous les apparences et qui est inaccessible à l’analyse. La sexualité regroupe l’ensemble des tendances et des activités qui favorisent le rapprochement des corps, comprenant l’union des sexes, la recherche de plaisir, et un accomplissement plus global. Ces notions sont intimement liées et fréquemment abordées dans notre société.
En revanche, lorsque l’on parle de personnes âgées, le sujet de la sexualité devient tabou, comme si les capacités, l’envie et les droits devenaient différents, restreints, voire malvenus. La situation devient plus complexe encore lorsque la personne présente des troubles neurocognitifs et qu’elle est prise en charge dans un hôpital ou qu’elle réside dans un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). La notion de la dignité, définie par la valeur intrinsèque d’une personne et qui commande le respect d’autrui, vient alors s’ajouter à la complexité de la situation. Même si l’on s’en défend, l’âgisme est toujours bien présent !

Parce qu'elle est à la fois morale (la vertu de réserve) et érotique (" elle fait le charme de l'amour comme le prix des abandons ", disait Louise de Vilmorin), la pudeur est sans doute la plus troublante des vertus. Deux philosophes s'emploient ici à en faire l'éloge, et pour cela sont conduits à s'interroger sur le sexe des anges et la vie amoureuse de Kant. Valeur désuète et même ringarde ' Loin de là : véritable piment du désir, infiniment plus charmante que ses súurs la pruderie, la décence, la honte et l'escartefiguerie, la pudeur est sans doute le sentiment le plus propre à l'homme, être fragile oscillant à jamais entre l'ange et la bête. (RE)