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Dans le contexte de la pandémie de Covid-19, des psychologues de différents services d’un centre hospitalier francilien sont intervenus auprès des personnels soignants et non soignants de l’établissement. Ils ont recueilli des témoignages en lien avec le vécu de la première vague de cette crise sanitaire. Ils proposent leur lecture de l’événement, laquelle met en lumière le climat d’incertitude qui a régné, tant dans ses dimensions sanitaires que politiques.

Dans le contexte de la pandémie de Covid-19, des psychologues de différents services d’un centre hospitalier francilien sont intervenus auprès des personnels soignants et non soignants de l’établissement. Ils ont recueilli des témoignages en lien avec le vécu de la première vague de cette crise sanitaire. Ils proposent leur lecture de l’événement, laquelle met en lumière le climat d’incertitude qui a régné, tant dans ses dimensions sanitaires que politiques.

Les notions de risque et de crise, qui organisent la gestion des épidémies, ont été pensées par les sciences sociales.
Un angle qui permet de réfléchir plus avant à la manière dont les équipes sont préparées aux épidémies à l'hôpital, en éclairant la construction de la confiance et de l'incertitude face au risque infectieux, notamment dans l'interrelation des acteurs avec les mesures et outils élaborés par les experts. (R.E.)

Plan :
- Risques et crises dans les sciences sociales
. La notion de risque
. La notion de crise
- Anticiper les crises épidémiques
- Préparation et ressentis des soignantes
. Ambivalence quant à l'évolution régulière des protocoles
. La complexité des phases d'habillage et de déshabillage
. Pour une présence des médecins experts
. La coopération en question
- Conclusion

Depuis février 2020, des centaines de milliers de malades sont confrontés à des symptômes persistants après leur infection.
Avec leurs cliniciens, ces patients sont exposés à un haut degré d'incertitude et à l'urgence de la production de cadres conceptuels visant la reconnaissance, la prise en charge et la légitimation de leur expérience de malades confrontés à des symptômes nouveaux et prolongés, comme à des controverses quant à la qualification de ces symptômes.
En ce sens, le Covid long illustre la nécessité de combiner les savoirs expérientiels collectifs des malades et les savoirs scientifiques au bénéfice des patients, des cliniciens et de la recherche.
[R.E.]

L'incertitude dans le soin est une dimension complexe à aborder. Dans cet article, Marie-Hélène Boucand, médecin de médecine physique et de réadaptation, ancien chef de service aux hospices civils de Lyon et docteur en philosophie, s'intéresse au retentissement des maladies rares génétiques dans le champ médical. Atteinte d'une maladie rare, elle a consacré un livre à ce sujet dont le contenu est issu de ses travaux de recherche réalisés pour sa thèse de philosophie. (RE)

La réalisation d'un diagnostic prénatal et par conséquent une possible interruption médicale de grossesse pour motif fœtal est réglementairement soumise à une décision collégiale, lié au Centre pluridisciplinaires de diagnostic prénatal, sous la forme de réunion pluridisciplinaire (RCP). Pour certaines maladies génétiques, l'incertitude quant à l'expression clinique individuelle ne permet pas de prendre une décision binaire d'emblée, acceptation ou refus de la demande. L'équipe de la Pitié a mis en place un staff dédié aux maladies génétiques depuis 2023 au sein du CPDPN de l'est parisien de Trousseau. [...] Le staff de diagnostic prénatal est un lieu qui ne se résume pas à la juxtaposition ou coordination d'avis et de connaissances techniques. L'avis favorable ou défavorable pour un diagnostic prénatal ou pour accéder à une interruption médicale de grossesse implique une décision relevant tout autant de compétitions de jugements psychologiques et moraux que de compétitions de connaissances strictement médicales. Cette étude révèle que l'intérêt du staff est de faciliter la prise de conscience des conflits émotionnels de ses membres en vue de faciliter une prise de décision réflexive et consciente ainsi que de s'ajuster au mieux aux incertitudes médicales liées aux maladies génétiques. Le staff (en miroir de ce qui se passe en consultation pour les professionnels) confronte à des opinions différentes des siennes et illustrent que le changement d'opinion est permis.

La vie est par essence lieu d'incertitudes. Même si certaines personnes pensent à un déterminisme, aucune personne ne peut savoir ce pour quoi il est destiné, ni sa destination sans être invité à se penser et à y penser.

Ceux qui pourraient croire à une maîtrise sur la vie, sur la mort, sur le sens de la vie, ont dû oublier les propos de Socrate (ou Platon) qui a pu nous offrir cette maxime si forte et grave : « Tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien, tandis que les autres croient savoir ce qu'ils ne savent pas ».

Les soignants sont aussi dans une même perspective : Croire qu'ils savent ou vouloir tout savoir quand la vie est impermanence, et donc labilité, plasticité. Le soignant doit se rappeler que le temps, c'est à dire le cours de la vie est certes chronos, temps qu'on croit pouvoir dominer ou gérer, alors qu'il est aussi Aïon (entre cycles, flux et reflux, de l'éternel) et Kaïros (évènement isolé, hasard, surprise).

Dans ce numéro, presque tous les articles présentent ce thème sous différents angles.

Messer et al., montrent combien l'incertitude médicale en rhumatologie est paradoxalement plus grande aujourd'hui qu'hier malgré ou peut-être à cause des nouvelles connaissances acquises. Le rationnel n'est pas toujours facile à cerner quand l'émotionnel prend en sus une place importante. La maladie chronique, souligne quand dans la durée, la personne malade vit des expériences, des aggravations, des améliorations bien difficiles à maîtriser. Il y a des annonces à faire et des nouvelles incertitudes à vivre quand on sortait à peine de l'incertitude précédente. Sans compter sur la nouvelle taxonomie des maladies qui ne fait qu'augmenter le flou.

Les incertitudes aux urgences font partie du quotidien des équipes comme le souligne Fourel et al. Surtout en ces temps de surcharge de patientèle ou de situations particulières comme la pandémie du COVID. Ils insistent dans leur article sur l'importance de la collégialité que ce soit pour gérer les flux de malades, pour être toujours au mieux adaptés à chacun dans un principe de justice, mais aussi pour penser l'institution, qui doit accueillir dans son organisation, son management ces vagues successives de patients, tous aussi importants les uns que les autres.

Maglio et al. soulignent combien les soignants ont eu du mal et ont été malmenés par la prise en charge des malades atteints de COVID. Les motifs d'incertitudes furent si nombreux que plus personne n'avait réellement de stratégie claire. Incertitude sur le virus, son évolutivité et gravité pour quelle population. Incertitudes du politique et des politiques, avec injonctions contradictoires ministérielles ou des agences régionales de santé, parfois d'un jour à l'autre. Il est important d'avoir ce temps narratif dans l'article pour mieux ressentir les tensions vécues par les membres des équipes soignantes. RE